1. Mise au point sur la définition du cheval mustang.
Le dictionnaire Robert définit le mustang comme suit : cheval d'Amérique du Nord vivant à l'état sauvage.
Aux Etats-Unis, les chevaux sauvages sont considérés comme un trésor
national. Environ 40 000 bêtes sont protégées depuis 1971 par la Wild
Free-Roaming Horse and Burro Act. Ils errent ainsi en liberté surveillée
sur les terres publiques gérées par le Bureau of Land Management. Au
Canada, quelques hordes subsistent encore en Alberta, au pied des
Rocheuses, et en Colombie-Britannique, dans les monts Chilcotin. Quelque
200 mustangs répartis en une vingtaine de hordes vivent sur ce
territoire d'environ 150,000 hectares.
Ces chevaux sauvages seraient les descendants directs de montures
abandonnées par les conquistadors. Christophe Colomb, vers les années
1500, puis, beaucoup plus tard, Coronado qui laissa derrière lui plus de
2000 chevaux et mules, sont les responsables des mustangs actuels
d'Amérique.
On retrouve aussi des chevaux sauvages protégés en Nouvelle-Ecosse.
Donc, au sens restreint, le mustang signifie un cheval sauvage issu des
chevaux des conquistadors. Au sens large, un mustang peut être un cheval
adulte qui n'a été ni domestiqué, ni apprivoisé, ni approché par
l'Homme.
Une partie d'un troupeau d'étalons
matures non domestiqués à Donnelly,
Alberta.
Autres étalons adultes non apprivoisés à
Marie-Reine, Alberta.
Note : pour plus d'informations sur le sujet, consulter la revue Géographica, printemps 2005.
2. Comportement du mustang dans un troupeau de chevaux familiers.
Tout d'abord, n'espérez pas que ce cheval viendra à vous de lui-même. Si
vous attirez d'autres chevaux domestiqués qui viendront manger dans
votre main, il se contentera d'observer ce qui se passe. Le fait de voir
ses compagnons et compagnes de pâturage se faire gâter et dorloter ne
le convaincra pas davantage : il continuera à vaquer à ses
occupations... Le mustang vous semblera indépendant, mais il est méfiant
par nature et nerveux au plus haut point. Il s'aquoquinera assez
souvent à un cheval plus âgé ne démontrant que peu de caractère ou se
tiendra tout simplement en retrait du troupeau. Observez-le comme il le
fait avec vous. Laissez-lui le temps de s'acclimater à son nouveau
milieu.
Je vous recommande un truc que j'ai essayé. De temps à autre, laissez
sortir vos chevaux hors du pâturage sur un terrain vague et restreint.
Le mustang suivra le troupeau, avec réticence les premières fois, puis
plus facilement avec le temps. Laissez les chevaux tranquilles pendant
une bonne demi-heure et ramenez-les au champ sans les brusquer. Après
plusieurs sorties, les chevaux se sentiront à l'aise.

De temps à autre, laissez sortir vos chevaux hors du pâturage.
Vous pourrez laisser la porte de l'écurie ouverte. Les chevaux plus
familiers viendront sentir et quelques-uns entreront dans l'écurie. Ne
forcez pas les choses. Laissez-les satisfaire l'objet de leur curiosité.
A un moment donné, votre mustang suivra la parade et viendra, lui
aussi, faire son tour. Ne vous en occupez pas pour ne pas l'énerver et
ainsi qu'il puisse répéter l'expérience en toute confiance. Il y aura
bien une prochaine fois !!!

A un moment donné, le mustang suivra la parade.
3. La mise en box.
Quand votre mustang aura pénétré à quelques reprises dans l'écurie avec
d'autres chevaux, vous pourrez fermer la porte. Sortez les chevaux qui
ne sont pas utiles et gardez le mustang à l'intérieur. Laissez-le en
liberté dans l'allée une demi-journée avec un box ouvert où il pourra
retrouver un peu de nourriture.

Laissez le mustang circuler librement pendant au moins une demi-journée dans l'allée de l'écurie.
Une fois entré dans le box, enfermez-le. Circulez dans l'écurie
régulièrement plusieurs fois par jour. Une musique d'ambiance aidera le
cheval à se familiariser avec la voix de l'humain. Il est important
qu'il se sente à l'aise dans ses nouveaux appartements. A chaque visite,
apportez-lui des gâteries : herbe, pommes, carottes et parlez-lui
doucement. Mais n'espérez pas qu'il vienne les chercher tout de suite
dans votre main. Quand vous vous présenterez, ses yeux changeront et il
se réfugiera probablement dans le fond du box ou vous tournera tout
simplement le dos.

Lorsque vous vous approcherez les premières fois, ses yeux changeront et il se réfugiera probablement au fond du box.
Ne forcez pas les choses. Déposez vos appâts dans un coin du box, laissez la porte ouverte et éloignez-vous un peu.
Comme le cheval est un animal de routine, mettez un peu de foin dans
l'allée et, lorsqu'il est sorti du box, profitez-en pour le nettoyer.
Puis donnez la portion régulière de foin dans le box. Le cheval entrera
par lui-même dans le box. Ainsi il s'ajustera à ces nouvelles habitudes
et gagnera en sécurité. Faut-il préciser qu'il est inutile d'activer
l'animal avec du grain : le foin et l'eau suffiront pour un bon moment.
4. Premiers contacts en ring intérieur.
Comme il faut, un jour ou l'autre, passer à autre chose, pensez à
diriger le mustang dans un ring intérieur restreint (30' X 30'). Comme
il n'a jamais été manipulé, poussez-le dans le ring par un corridor sûr
et solide. Une fois dans le ring, faites-le tourner autour de vous en
agitant un bras ou encore en déroulant une longue laisse derrière lui
( cf. la méthode de Monty Roberts). Au début, le cheval paniquera et
cherchera à se réfugier dans les coins, regardera par les fenêtres ou
tentera peut-être même de sortir par où il est entré. Croyez-le ou non,
j'ai déjà vu un jeune étalon mustang de 3 ans essayer de sortir par une
fenêtre en cassant les vitres avec ses pattes avant !!! Distrayez-le de
ces ouvertures possibles en le poussant constamment autour de vous. Il
finira par comprendre ce qu'il lui reste à faire.
Après plusieurs tours de ring, vous remarquerez un changement d'attitude de sa part :
- il ralentira son allure,
- ses oreilles bougeront individuellement de tous les côtés,
- ses yeux seront moins exorbités,
- il effectuera ses cercles en se rapprochant un peu plus près de vous.
Observez-le bien. Quand il mâchonnera de la bouche et baissera un peu la
tête, vous saurez que vous êtes sur la bonne voie : il accepte enfin de
baisser sa garde et cesse de vous considérer comme une menace
potentielle.
Comme vous pouvez le constater, le travail avec un mustang n'est pas une
tâche facile. Bien des cavaliers utilisent des manières plus dures et
rapides avec le lasso, par exemple, ou encore le poteau de patience
comme on voit dans les westerns américains. Ces scènes plutôt
disgracieuses démontrent bien les intentions de ces personnes : on veut
CASSER le cheval, le dominer. Et s'il est trop difficile, on l'envoie à
l'abattoir. La méthode que je préconise, si on sait éviter les
gaffes irréparables, exige plus de temps et de patience, mais laisse de
bons souvenirs dans la tête du cheval.
Suite de cette chronique en janvier 2011.
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