Qu'il
s'agisse d'un poulain ou d'un cheval adulte, on peut affirmer que, si
nous le soignons et lui consacrons du temps, il puisse nous
reconnaître. Une relation très riche peut s'établir à condition de ne
pas oublier que le cheval a des besoins et des facultés propres à son
espèce. Et en aucun cas ne pensez remplacer ses compagnons de pâture.
1. Bien connaître son cheval.
Lorsque j'entraîne un poulain, je dois avoir en tête qu'il est
différent du précédent avec lequel j'ai travaillé. Je dois donc
observer attentivement ses comportements lors du travail à la longe par
ses réponses à mes demandes. De même, il est essentiel d'étudier les
rapports des chevaux entre eux au pâturage. Un cheval dominant en
troupeau, habitué à faire la loi, ne doit pas être travaillé de la
même façon qu'un autre plus soumis. Vous devrez être plus directif et
rigide avec le premier alors que le 2 ième sera probablement plus
nerveux à votre approche et lors de la désensibilisation. Si vous
achetez un cheval adulte, il vous faudra tenir compte de son histoire.
Et après quelque temps, le cheval se confiera à vous par des réactions
et des agissements que vous devrez savoir
interpréter.
Il est essentiel d'étudier les rapports des chevaux entre eux au pâturage.
2. Sentir les humeurs de son cheval.
Plusieurs cavaliers préfèrent le gelding à la jument. En effet,
certaines juments affichent un caractère difficile, quelquefois
hargneux, pendant la période des chaleurs. De même, certains geldings
sont plus sensibles que d'autres à proximité d'une jument en rut. Si
vous ne faites pas de cas de ces attitudes, vous vous exposez à des
surprises. Lors d'une randonnée, j'ai vu un gelding monter une jument
qui le précédait. Les 2 cavaliers n'ont eu le temps de rien faire et
celui qui montait la jument a eu une peur bleue se demandant bien ce
qui se passait dans son dos !!!
3. Imposer le respect.
Lorsque je donne des cours de niveau 1 à des débutants, j'utilise
toujours un cheval facile et bien dressé. Tout d'abord, je monte le
cheval et explique à l'étudiant les rudiments : position en
selle, ouverture de guides, appui à la jambe, transfert de poids,
légèreté des mains en bouche et douceur des mouvements. Je longe les
murs du manège intérieur en passant au milieu pour changer de
direction. Tout va. L'étudiant croit qu'il a affaire à une monture
fiable et a hâte de monter à son tour. Toutefois, il arrive qu'au
changement de cavalier le cheval réagisse promptement : soit qu'il
fasse les coins ronds, soit qu'il arrête sans qu'on lui ait demandé ou
encore qu'il traîne de la patte. La raison : le cheval a tout de suite
compris qu'il pouvait faire un peu ce qu'il veut avec ce cavalier
inexpérimenté. Pour imposer le respect, il faut avoir assez confiance
en soi et aussi jouir des connaissances et de l'expérience
nécessaires. Le cavalier doit être clair et ferme dans ses demandes.
Quand le cheval a compris à qui il a affaire, la relation avec le
cavalier est beaucoup plus conviviale.
Pour imposer le respect, il faut avoir assez confiance en soi et jouir
des connaissances et de l'expérience nécessaires.
4. L'intelligence du cheval.
Au départ, face à l'homme, le cheval se croit le plus fort.
Physiquement, il n'a pas tort. Bien vite, au débourrage, il admet notre
supériorité ce qui démontre une certaine perspicacité de sa part. Et il
ne deviendra plus habile, plus versatile, voire plus "intelligent"
qu'auprès de l'homme vivant et travaillant chaque jour à ses côtés.
Lorsque j'entame un poulain, je travaille avec lui au moins une heure
par jour pendant une semaine. Après 5 jours, le propriétaire ne
reconnaît pas son cheval. Crainte et nervosité sont disparues par le
contact régulier avec l'homme. Il devient plus calme et confiant et se
soumet aisément aux demandes du cavalier-dresseur parce qu'il se rend
compte que je ne lui veux pas de mal. Il comprend en quelque sorte ce
que nous faisons ensemble et accepte de se plier tout naturellement aux
exigences et commandements. Et plus vous travaillerez avec votre
cheval, plus les liens se raffermiront.
Lorsque je débourre un poulain, je travaille avec lui au moins une heure par jour pendant une semaine.
5. Le cavalier, un guide pour le cheval.
Le jeune poulain a appris, de sa mère, tout ce qu'il sait : brouter et
s'abreuver, se méfier, être alerte face au danger (bruits soudains,
prédateurs, cheval agressif dans le troupeau, changements de
température, etc.). Lorsque vous sevrez le poulain, même s'il est assez
apprivoisé et docile, vous le coupez de son mentor. Vous devrez donc
remplacer, petit à petit, la jument et lui inculquer d'autres notions :
accepter d'être attaché, brossé, marcher en laisse, se laisser tailler
les 4 sabots, etc. Lorsqu'il aura accepté de vous faire confiance, il
oubliera sa mère et se montrera disposé à apprendre ce que vous voudrez
bien lui enseigner. Une fois adulte, son éducation doit continuer. Le
cheval doit apprendre de nouvelles choses. Curieux de nature, il vous
surprendra par sa grande capacité d'apprentissage. Le dressage de base
assimilé, toutes les options sont permises, quelle que soit la race de
votre cheval : conduite western, jeux de gymkhana
(slalom, barils, trou de serrure, "dash", entre-deux, etc.), patrons de
reining, parcours et obstacles western, entraînement sans selle, sans
bride, sans guide, etc. Vous pouvez vous procurer le "Livre des
règlements western" auprès de la Fédération équestre du Québec et vous
familiariser avec ces différents parcours ou encore vous inscrire à une
clinique d'une journée, de 2 jours ou d'une semaine chez un instructeur
équestre. Vous y apprendrez et assimilerez les rudiments pour que votre
cheval et vous ayez le plus de plaisir
ensemble.
Lorsque vous sevrez le poulain, vous le coupez de son mentor.
6. Le cheval, le meilleur ami de l'homme ?
Dans son essai "Le Prophète" , le philosophe libanais Khalil Gibran
exprime bien ma pensée sur l'Amitié possible entre le cheval et l'homme.
--- "Votre ami est la réponse à vos besoins."
Le cheval vous aidera à découvrir et à exprimer ce qu'il y a de
meilleur en vous en autant que vous le considériez dans toute sa pureté
et dans toute sa noblesse.
--- "Et que le meilleur de vous-même soit pour votre ami."
En compagnie de votre cheval, que ce soit par le travail au sol, à
l'entraînement ou en randonnée, tempérez vos humeurs et concentrez-vous
sur le rapport avec votre monture.
--- "Cherchez-le toujours pour les heures vivantes."
Au risque de me répéter, ne travaillez pas avec votre cheval si vous
êtes tendu et surtout si vous ne disposez pas du temps nécessaire :
préparation, brossage, entraînement ou promenade paisible. Plutôt que
de tout faire à la sauvette, mieux vaut se contenter de le brosser tout
simplement.
--- "Et dans la douceur de votre amitié, qu'il y ait le rire et le partage des plaisirs."
Dans votre relation avec votre cheval, appliquez-vous à créer une bonne
communication. Soyez zen, détendu, joyeux, calme dans vos paroles,
gestes et demandes. Votre monture ne s'en portera que mieux et les
moments que vous passerez ensemble seront privilégiés.
--- "Car dans la rosée des petites choses, le coeur trouve son matin et sa fraîcheur."
Ainsi vous découvrirez, en randonnée, des petits détails sur lesquels
vous ne vous étiez jamais arrêté auparavant : les odeurs du sous-bois,
les premières fleurs printanières, le bruit du mince filet d'eau d'un
ruisseau, le gazouillis d'une mésange... Vous confierez ces secrets à
votre compagnon et les partagerez. A ce moment, vous ne ferez
qu'un. Finalement, les plus belles balades à cheval se font en solo.
Mes souvenirs me ramènent à il y a une quinzaine d'années au moins.
J'avais dressé à l'attelage, pour une cliente, un magnifique
gelding blanc du nom de LASKA. Lors d'une randonnée à cheval en groupe,
je remarquai que sa propriétaire semblait prendre ses distances du
groupe de cavaliers. Elle m'avoua préférer être seule avec son
cheval. Je m'étais dit, alors, qu'elle était bien solitaire. Elle
voulait tout simplement reprendre contact avec son cheval.
Considérez le cheval dans toute sa pureté et dans toute sa noblesse.
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions, suggestions de chroniques à ranchdesnoyers@hotmail.com
Prochaine chronique : Chevaux de race, races de chevaux.