« Remèdes, mixtures et recettes-miracles »
Cette
chronique se veut la réponse à plusieurs courriels de
lecteurs-lectrices me demandant mon avis à propos de problèmes de
santé rencontrés sur leur cheval. Et d'autres, ayant lu la
chronique sur les remèdes d'antan, me priant de récidiver. A noter que
ces recettes ont toutes été expérimentées avec succès. Certaines furent
transmises de génération en génération et datent du XIX e siècle. Tandis
que d'aucunes proviennent de l'Ouest canadien.
1. Ampas.
Les ampas se retrouvent au palais du cheval et prennent la forme de
gros cordons douloureux qui l'empêchent de manger à volonté. Selon
certaines sources, les ampas résulteraient d'un coup de fièvre. En
Beauce, la plupart des maréchals ferrants réglaient le problème en
transperçant ces abcès durcis avec un clou. Bien sûr, le sang
giclait abondamment. Mais le cheval se sentait tellement soulagé qu'il
ne rechignait pas trop. En Alberta, on procède tout autrement. Il
suffit de mélanger des pois crus à la ration de moulée. Le cheval, en
mangeant, crêve lui-même ses ampas. Pour éviter l'infection, on ajoute
un peu de gros sel à sa portion pour une couple de jours. Les 2
méthodes fonctionnent, mais je préfère de loin la 2 ième. Et vous
?

Superbe poulain buckskin de 3 ans provenant de l'Alberta.
2. Crevasses.
Certains chevaux sont plus sujets que d'autres à faire des crevasses
qui se forment entre le boulet et les glomes. Disons qu'un cheval
pateaugeant constamment dans la boue ou le fumier humide sera plus
sujet aux crevasses qu'un autre dont la pâture est bien drainée ou
gardé dans un box propre. Les crevasses n'ont pas le même effet sur
tous les chevaux : les uns marcheront avec difficulté, la douleur étant
intense; les autres taperont des postérieurs avec impatience.
Recette : 1 lb de saindoux
1 lb de soufre
1 lb de gros sel ( ou encore de sel à médecine)
Faire fondre le saindoux sur le feu. Laisser tiédir et ajouter le
soufre. Bien mélanger, ajouter le sel et brasser pour obtenir un
onguent onctueux sans grumeaux. Appliquer abondamment l'onguent sur les
crevasses 2 fois par jour. Comme les plaies se retrouvent souvent aux
postérieurs, prenez soin de tenir levé le sabot avant pendant que vous
soignerez les parties infectées. Si c'est un cheval de trait, vous
devriez penser à raser les poils.
3. Déplacement de la rotule.
L'autre jour, en consultant le forum de Poney-express, une propriétaire
demandait de l'information à propos du déplacement de la rotule de son
cheval. Chacun y allait de ses conseils : butazone, glucosamine,
anti-inflammatoires, radiographie, opération, etc.
Mon avis : Le déplacement de la rotule résulte très souvent d'une
glissade d'un postérieur vers l'avant (en dessous du cheval). Cela
arrive fréquemment l'hiver sur la glace, mais aussi l'été sur terrain
argileux humide. En général, la rotule se bloque en position haute et
le membre se raidit vers l'arrière.
Il faut, à tout prix et en premier lieu, remettre la rotule à sa
place. Certains rebouteurs ainsi que quelques maréchals ferrants auront
peu de difficulté à effectuer cette tâche. Mais vous pouvez le faire
vous-même. Il s'agit de tirer tout le membre vers l'extérieur (de côté)
et de pousser fermement sur la rotule jusqu'à ce qu'elle reprenne sa
place avec un petit bruit de déclic.
Frictionnez ensuite le grasset 2 fois par jour avec cette potion d'eau
d'alun : 9 c. à soupe dans une pinte d'eau propre. L'alun aidera à
mobiliser les tissus le temps que les éléments osseux se remettent
adéquatement en place. Prenez soin également de garder le cheval
immobilisé dans un entre-deux pendant le traitement d'une
semaine.

Les pluies d'automne ne facilitent pas les déplacements des chevaux en liberté et provoquent parfois des crevasses
4. Gale d'automne.
Très fréquente lors d'un été pluvieux (comme celui de 2011), ces petits
boutons bien accrochés à la peau se retrouvent généralement sur
l'encolure et la croûpe du cheval. Parfois, le cheval en sera affublé
sur tout le corps. Un vieux marchand de chevaux me disait, l'autre
jour, que la gale résultait du fait que le cavalier n'avait pas brossé
ni bien bouchonné son cheval après l'avoir ridé par temps chaud et
humide. Pas nécessairement puisque je connais des cavaliers très
minutieux dont le cheval a eu aussi de la gale.
Recette : Pour débarrasser votre cheval de la gale d'automne, il
s'agit de traiter les parties infectées avec de l'huile d'Olive
légère(Light) 3 jours d'affilée. L'huile Baby's Own peut aussi faire
l'affaire. Certains propriétaires ont essayé l'huile de patates frites
récupérée, mais le mélange trop consistant demeure dans le poil jusqu'à
la mue du printemps. Après 3 jours, prenez un racloir de métal pour
enlever le surplus d'huile et la gale se détachera facilement de la
peau.

Il est faux de prétendre que les chevaux Paint soient plus susceptibles de contracter la gale d'automne.
5. Nerf engorgé.
Faut-il rappeler qu'il est essentiel de tailler les sabots du cheval
régulièrement ? Lorsque le sabot est négligé, il allonge en pinces, les
talons s'usent et s'abaissent et le cheval peut se mettre à boiter. Les
tendons enflent et le nerf qui part de l'oreille et descend jusqu'à
l'épaule enfle et s'engorge. Si le maréchal ferrant procède à une
taille trop sévère du sabot, le cheval marchera péniblement pour
quelques jours. Même chose lorsque le cheval perd un fer, par exemple,
et que vous négligez de le remplacer au plus tôt. Le nerf en question
devrait être de la grosseur d'un doigt de femme. S'il est gros comme un
pouce d'homme, votre cheval a un problème d'engorgement.
Une fois que les sabots auront été taillés correctement,
a) Vous pouvez arroser à l'eau froide pendant 5 minutes de chaque côté.
Essorer l'eau avec un linge et massez énergiquement avec de
l'Absorbine, de l'alcool ou du Liniment Minard's : froid pour faire
désenfler; chaud pour détendre et activer la circulation.
OU
b) Frotter vigoureusement avec de l'alcool à friction que vous aurez placé préalablement au congélateur.
Répéter le traitement 2 fois par jour pendant au moins 5 jours.

On distingue bien ici le nerf qui part de l'arrière de l'oreille et
descend jusqu'à l'épaule sur cette magnifique jument red roan.
6. Mites (tiques et autres bestioles).
J'ai reçu, il y a environ 2 mois, un courriel d'une lectrice dont le
Clydesdale était envahi par les mites. Elle avait appelé son
vétérinaire qui avait rasé le poil des sabots jusqu'à la couronne,
administré onguent, vermifuge, antibiotiques, anti-inflammatoires et
fongicides pour la bagatelle somme de $900. !!! La dame croyait avoir
résolu le problème de son cheval mais, 2 mois plus tard, son conjoint
remarqua qu'il piochait violemment avec ses postérieurs. Avec soin, il
se pencha pour examiner le pied du cheval et découvrit un ver...
Les soins prodigués par le vétérinaire étaient tout à fait adéquats.
Mais il faut avoir en tête que les mites se reproduisent et qu'il
aurait fallu répéter le traitement pour détruire les lentes.
Recette : Dans un contenant de 500 grammes d'huile d'Olive, ajouter 5
c. à soupe de soufre. Bien mélanger. Appliquer généreusement la lotion
sur les parties infectées pendant 5 jours. Puis répéter au bout d'une
semaine.
Les chevaux de trait très poilus en couronne tels les Clydesdale,
les Gipsy Cob, les Frisons entre autres sont très sensibles aux mites.
Les éleveurs doivent donc être très vigilants.

Les chevaux de trait très poilus en couronne tels les Clydesdale,
les Gypsy Cob entre autres sont très sensibles aux mites.
7. Vermifuge maison.
Comment les gars de chantiers, les cultivateurs du début du siècle
vermifugeaient-ils leurs chevaux ? Les Ivermectin, Panacur, Strongid,
Eqvalin et autres n'étaient pas disponibles.. Chacun possédait sa
recette personnelle. Mais l'écorce de tremble a toujours été utilisée
et efficace.
Recette : 1 part de cendre de bois franc tamisée
1 part de sel de table (ou de gros sel). Dans les
Prairies de l'Ouest, le sel est remplacé par du sucre.
Bien mélanger et administrer dans la portion 1 fois
par jour pendant 3 semaines à l'automne. Répéter le traitement au
printemps avant
la pâture.
En Alberta, on sert un bloc de sel avec un pourcentage de soufre 2 mois
avant le pâturage. Le cheval serait susceptible d'être moins infecté
par les vers de toutes sortes. De même, on avance qu'il serait moins
dérangé par les mouches pendant l'été.
8. Conclusion.
Je le répète : ces recettes, potions et mixtures ont fait leurs
preuves. Vous pouvez donc les utiliser en toute confiance. Bien sûr, le
débutant à cheval aura quelque difficulté à diagnostiquer le problème.
Mais demander conseil ne coûte rien et c'est la meilleure façon
d'apprendre. Et entre hommes de cheval, il faut penser à s'entraider,
n'est-ce pas ?
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions, suggestions de chroniques à ranchdesnoyers@hotmail.com
Prochaine chronique : Créer une bonne relation avec son cheval.