« La passion des chevaux »


De toute évidence, le cheval fait figure de surdoué au sein du règne animal. Ses diverses formes d'intelligence captivent l'homme. Il possède un langage gestuel riche et un sens de l'orientation inégalé. C'est un animal rapide et agile doté d'un sens de l'équilibre, même sur des terrains accidentés. De même sa capacité à percevoir l'autre, à deviner les émotions ou les intentions du cavalier en surprendra plus d'un. Le cheval utilise un langage complexe : la communication est continue et passe par les expressions de la tête et les attitudes du corps.
Alors comment ne pas être attiré, surpris, émerveillé, passionné par le cheval ?
 
Toutefois, posséder un cheval, quel que soit l'usage qu'on en fait, exige soins et entretien général : ration de bon foin ou pâturage, moulée, vitamines et minéraux, eau propre composent les éléments essentiels d'une bonne alimentation. Un vermifuge bi-annuel permettra l'assimilation. En plus de nettoyer quotidiennement le box, il faut brosser l'animal, lui parler et passer du temps avec lui. Sans compter tous les petits bobos fréquents à traiter : sabots à tailler aux 8 semaines, vers, gale d'automne, éraflures, foulures et entorses, pointes et dents de loup, refroidissement, blessures de sangle et au garrot, etc.
 
Dans cette chronique, j'aimerais vous présenter sommairement quelques passionnés de chevaux. Ils sont tous différents, à leur manière, mais un lien les rejoint : leur grand amour du cheval.
 
1. Galanterie et politesse obligent de débuter avec les dames.
 
a) Mme Linda Nadeau, 52 ans, de St-Côme (Beauce).
 
Linda possède 3 geldings : 2 QH et un magnifique Appaloosa qui mérite le détour. Il y a quelques années, elle pratiquait régulièrement l'équitation mais, maintenant, elle se contente de dérouiller ses bébés guère plus d'une à 2 fois par année. Lorsqu'elle a perdu son Ti Gars, Linda a mis bien du temps à s'en remettre. Une petite anecdote comme ça : lorsque son poulain Appaloosa s'est mis à gruger son box et que je lui ai vendu une boîte de Cribox, elle a même goûté au produit car, dit-elle, je teste tout ce que mes chevaux mangent !!! Quand on connaît l'effet que le Cribox a sur le cheval, il faut le faire. Vous pouvez essayer si vous avez envie de vomir...
 
b) Mlle Vicki Tanguay, 21 ans, de St-Camille (Bellechasse).
 
J'ai pris Vicki comme stagiaire pendant 8 semaines l'hiver dernier. Elle m'avait envoyé un courriel me disant qu'elle était intéressée à travailler avec moi, appréciant mes méthodes et techniques de dressage. Vicki adore les chevaux. TOUS les chevaux. Si ses finances lui permettaient, elle aurait bien 25 chevaux... Pendant son stage, elle a entamé des poulains de 8 mois à 2 ans, entraîné une jument de reining et participé au débourrage de plusieurs chevaux matures. Vicki possède une demi-douzaine de chevaux et gère un petit centre équestre dans sa localité. 


Vicki et Red Doc, un magnifique QH, composent un tandem en parfaite harmonie.
 
c) Mme Nathalie Royer, 41 ans, de St-Bernard (Beauce).
 
Je connais Nathalie depuis peu. En avril dernier, elle a acheté un jeune poney maigre et abandonné pour faire le deuil de son Sam à qui elle était très attachée. Depuis qu'elle en a pris possession, elle lui prodigue tous les soins, le temps et l'amour dont il a été privé. Et je la conseille du mieux que je peux lorsqu'elle me demande de l'aide par courriel. Elle a baptisé son protégé Lucky Boy. Oui, ce cheval a vraiment de la chance d'être tombé entre de bonnes mains ! 

                            
                                                                 Sam restera éternel dans les pensées et le coeur de Nathalie.                                                                                             Lucky Boy a changé de poil depuis qu'il est chez Nathalie.

 
2. Messieurs, c'est votre tour !
 
a) L'honneur revient à mon bon ami M. Camille Gagné, 71 ans, de St-Georges (Beauce).
 
M. Camille, dans sa jeunesse, a travaillé dans les chantiers avec des chevaux. Il m'a raconté avoir fait 6 heures de trot à cru sur un cheval de trait avec, à sa suite, une vingtaine de chevaux en liberté qu'il entraînait au campement. Il a dressé une grande quantité de chevaux de travail pas toujours commodes avant de s'adonner à l'équitation. Toutes les bêtes qu'il a possédées lui rappellent d'excellents souvenirs : Maggie, Ti Gars, Bob, etc. Après une pause de 4 ans, M. Camille a pris la décision de se racheter un cheval : un poulain QH de 3 ans de couleur chocolat dont il prend le plus grand soin. 


M. Camille ride régulièrement son poulain de 3 ans sur de courts trajets.
 

 
b) M. Laurent Jacques, 76 ans, de St-Zacharie (Beauce).
 
Je connais M. Jacques depuis environ un an. Il m'avait téléphoné pour m'offrir une très belle pouliche Paint noir/blanc de 4 ans qui lui donnait du fil à retordre à cause de son petit caractère. Elle avait pris la mauvaise habitude de mordre, surtout les étrangers. Je lui ai échangé sa pouliche pour un cheval blanc, Buck, avec qui il a beaucoup plus d'agrément. M. Jacques a des projets de parade en "robbetaille" pour l'été. 


M. Jacques adore atteler l'hiver sur sa sleigh bleue.

c) M. Alfred Lamontagne, 74 ans, de St-Camille (Bellechasse).
 
M. Lamontagne entretient une dizaine de poneys miniatures. Il possède de très belles bêtes, entre autres un étalon gris de 26 pouces avec une liste et 4 bas blancs ainsi qu'un autre de 2 ans palomino. Ses petits protégés sont gardés dans la ouate dans une écurie propre et bien ventilée. Ce monsieur fort sympathique connaît les chevaux. Ayant pratiqué tous les métiers, photographe, cordonnier, coiffeur, bûcheron, maréchal-ferrant, il garde la forme en faisant son petit train quotidien et attelle régulièrement sa jument palomino hiver comme été.
 
3. Connaissances outre-frontière.
 
a) M. Raymond Labrie, 77 ans, Auburn (Maine, USA).
 
J'ai connu mon ami Raymond lors de compétitions de chiens de traîneau au Québec et aux USA. Lui et moi avons cessé, depuis belle lurette, de pratiquer ce sport très exigeant. Raymond a toujours gardé quelques chevaux, surtout des standardbred et de gros poneys d'attelage. Vous devriez voir la voiture fine d'été qu'il a ramenée de chez les Amish en Pennsylvannie ! De toute beauté ! Malgré sa santé fragile et ses visites fréquentes à l'hôpital, Ray a encore 3 poneys qui sont soignés aux petits oignons : entretien des sabots, vermifuge, foin de 1 ière qualité et ration quotidienne de moulée. 


A 77 ans bien sonnés, Raymond est toujours un boute-en-train.

 
b) M. Benoit Tilman, Belgique.
 
Benoit s'est donné comme mission de sauver les chevaux qui sont condamnés à l'abattoir pour une raison ou pour une autre : problèmes de comportement, plus assez performants, âge avancé, etc. L'organisme qu'il a fondé, Chevaux en détresse, rachète, à prix fort, des marchands, ces chevaux destinés à la boucherie. Un peu comme Les Ecuries Diabolo de St-Agapit (dont j'ai déjà parlé dans une chronique précédente à propos des standardbred), ces bêtes jouissent d'un refuge douillet en attendant d'être adoptées par une famille d'accueil. Noble cause ! Vous pouvez visiter son site http://www.chevaux-en-detresse.org/
et , en même temps, faire un don symbolique. A votre aise. 


Benoit Tilman de Belgique, sur Kazan le rescapé.
 
c) M. Paul Belzile, 75 ans, Marie-Reine (Alberta, Canada).
 
M. Belzile représente un cas tout à fait spécial. Il nourrit, sur sa section sud, entre 125 et 150 chevaux et, sur sa section nord, 50 juments poulinières avec leurs poulains. Si vous faites le compte, vous arrivez à 250 chevaux. C'est ce qu'on peut appeler un ranch, n'est-ce pas ? M. Belzile achète des chevaux maigres qu'il engraisse le temps qu'il faut pour qu'ils soient en "good shape", comme il dit. Foin à volonté, criblures de céréales, huile de canola, blé, avoine et pois constituent leur ration. Chaque matin, de très bonne heure, il inspecte son troupeau et détaille l'état de chair de chacun d'eux. 

                      
                   Une partie du troupeau de poulinières de M. Belzile. Le foin est servi à profusion !!!                                                                                                 L'Ouest canadien, le pays des grands espaces.                                           


Et quand les chevaux sont gras (il peut garder des chevaux entre 6 mois et un an), ils prennent le chemin de Régina (SK), Lacombe et Fort McLeod (Alberta) pour y être abattus. Vous me direz, cet homme n'a pas de coeur puisqu'il envoie ses chevaux à la boucherie. Peut-être. Mais prenons, à titre de comparaison, un éleveur de vaches Angus ou Hereford. Au printemps, ce dernier s'émerveille de voir gambader ses petits veaux au champ et pourtant, à chaque automne, il les sépare de leur mère pour les diriger vers l'encan. C'est un peu la même chose. L'Alberta est la province de la démesure : espaces, horizon, céréales, foin, machinerie, troupeau de 500 vaches, ranch de 200 chevaux, etc. Tant qu'on n'a pas visité l'Alberta et qu'on n'a pas côtoyé ses gens, on ne peut comprendre. 


M. Belzile faisant connaissance avec une magnifique jument blue roan que la SPA lui a amenée ainsi que
 26 autres chevaux assez mal en point. J'ai ramené cette jument au Québec pour le plaisir de l'oeil !!!
 
4. Conclusion.
 
J'aurais pu citer encore plein de gens passionnés par les chevaux : Gilles St-Laurent de Ste-Marguerite, Paul Poulin de St-Victor, Véronique Bilodeau de Ste-Claire, Chantale Léveillée de St-Thècle, Louise Miville de St-Adalbert, Alain Rodrigue de St-Georges pour ne nommer que ceux-là. Toutefois, si vous vous reconnaissez et que vous avez envie de partager vos expériences, faites-moi parvenir un court texte. Ce pourrait être l'objet d'une prochaine chronique.
 
 
Prochaine chronique : Le débourrage de 2 poulains Paint de 2 ans en 2 semaines.
 
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions, suggestions de chroniques à ranchdesnoyers@hotmail.com