« Les mille et une façons infaillibles de "gaspiller" un cheval »
Tous les amateurs et passionnés de chevaux connaissent bien
l'expression consacrée, vieille comme le monde, "gaspiller un cheval".
On entend aussi "gâter", "manquer" un cheval. Certaines bêtes se
gaspillent très rapidement; d'autres, à la longue. Mais toujours cela
exige un temps énorme et une grande expérience pour les remettre sur le
droit chemin et leur faire oublier ces souvenirs engrammés, souvent
désagréables.
Garder le cheval constamment en box ou dans un entre-deux sans
exercice. L'animal peut devenir impatient,quelquefois agressif et
développer des tares (éparvins à force de ruer dans les murs, par
exemple) ou des vices (tic de l'ours, rot par ennui). De plus, il
arrive que certains chevaux, lorsqu'on les lâche en liberté, ne se
laissent plus approcher de peur d'être enfermés à nouveau.

Lady Moon, une superbe jument QH strawberry roan, a développé des éparvins à force de ruer sur les murs de son box.
Attacher son cheval pas assez solidement ou encore par la bride.
Si le cheval brise son licou ou se détache, il prendra la très mauvaise
habitude de tirer au renard. Ne jamais attacher sa monture aux rênes de
la bride. Si, pour une raison ou pour une autre, il tire, il
s'esquintera la bouche et, par la suite, vous aurez de la difficulté à
le brider et à le débrider.
Servir des gâteries (sucre, bonbons, moulée, etc.) dans la main. Le
cheval viendra farfouiller dans vos poches et vous sentir avec la
bouche. Très souvent, par caprice, il essaiera de vous mordre pour
obtenir ce qu'il veut. Et il en viendra parfois à mordre aussi les
autres chevaux.

Après l'entraînement, présenter la récompense dans un plat au lieu de la main.
Permettre à son cheval de manger de l'herbe en randonnée. En plus de
vous tirer le bras lorsqu'il se penche, le cheval n'est jamais tout à
fait avec son cavalier, plutôt préoccupé à trouver une bonne touffe
d'herbe. Si vous êtes au trot et que le cheval stoppe subitement pour
brouter, vous courez la chance de vous faire désarçonner.
S'impatienter dans ses rapports avec son cheval. Le cheval,
contrairement à l'humain, conserve un caractère plutôt égal. Certes,
lorsqu'il vente, s'il y a des mouches ou si le cheval détecte la
présence d'un animal ou une odeur forte (moufette, charogne, etc.), il
peut paniquer. Au cavalier, alors, de le rassurer et non d'en
remettre... Si vous êtes pressé, stressé, préoccupé, de mauvaise
humeur, ne vous défoulez pas sur votre animal. Si le cheval est à
l'entraînement, il régressera au lieu d'évoluer et vous aurez perdu du
temps. Même chose pour la monte en remorque puisqu'il y associera votre
impatience.

Laissez le temps au cheval d'apprivoiser la remorque avant de le faire monter.
Laisser le cheval faire ses quatre volontés à l'entraînement ou en
trail. A la longe, par exemple, lui laisser décider de l'allure à
prendre et des arrêts, le laisser vous dominer de quelque façon que ce
soit : en vous montrant les dents, en "quinchant", en vous donnant des
coups de tête, en feintant de vous ruer, en vous marchant sur les pieds
à la laisse, etc. Si vous acceptez que votre monture stoppe en trail et
même prenne le chemin du retour, vous n'êtes pas au bout de vos peines.
Et la prochaine sortie ne sera pas une partie de plaisir, croyez-moi !
Laisser un cheval attaché trop longtemps avant le travail. En faisant
cela, vous formerez une monture impatiente. Quand vous entraînez un
cheval, adoptez une routine et apprenez-lui de nouvelles notions à
chaque séance. Ainsi vous garderez votre animal alerte, éveillé et il
exécutera avec plus de plaisir ce que vous lui demanderez.
Echapper un cheval. En selle ou à l'attelage, vous devez toujours être
en plein contrôle de votre animal. Restez alerte et vigilant. Comme le
cheval est, par nature, peureux et souvent imprévisible, la moindre
distraction de votre part peut-être fatale : une perdrix qui décolle
derrière vous, des VTT arrivant en trombe, un vélo vous rasant sur une
route secondaire, etc. Un cheval échappé panique et devient
incontrôlable. Il peut se mettre à bronquer puisqu'il ne vous fait plus
confiance. Et lors des prochaines sorties, il sera plus nerveux.
Certains ne s'en remettent pas.
Revenir à l'écurie au galop lors d'une sortie en trail. Lorsque vous
partez en randonnée avec votre cheval, limitez-vous au pas et au trot.
Si vous connaissez par coeur le sentier emprunté, vous pouvez, à la
limite, vous permettre un peu de petit galop ("canter"). Ne faites pas
de départ en trombe ni de course; n'habituez pas votre cheval à monter
les côtes au galop puisqu'il associera pente à vitesse. Votre cheval
devrait être aussi détendu au retour qu'à l'aller. Finalement, à
l'arrivée, descendez de selle à des endroits différents (50, 100, 200,
300 pieds de l'écurie), desserrez la sangle et marchez en laisse
jusqu'à destination.

Desserrez la sangle pour détendre le cheval et marchez en laisse jusqu'à destination.
Pêle-mêle :
Agacer un cheval. Cela paraîtra imbécile et stupide, mais certains "cavaliers" posent des gestes impensables.
J'ai vu un père de famille donner une solide claque sur les fesses d'un
cheval que sa fille de 15 ans montait pour la première fois !!!
J'ai été aussi témoin d'une autre scène disgracieuse : le cavalier
étant incapable de faire avancer sa monture, un "bon samaritain" saisit
un câble et fouetta le cheval sur les fesses !!! Le cheval se câbra et
se rabattit sur son cavalier.
Au début des années 1980, j'achetai une jument Paint ovéro de 4 ans. Je
passai tout l'hiver pour arriver à lui brosser la croupe. Un an plus
tard, j'appris que ses propriétaires s'étaient amusés à lui piquer
les fesses avec une fourche... Il y a de ces cons !
Accrocher les pinces lors du débridage. Soyez assuré que vous aurez de la difficulté à brider votre cheval la prochaine fois.
Utiliser un mors trop sévère. Certains cavaliers, par peur de ne
pouvoir retenir ou d'échapper leur monture, utilisent un mors trop
sévère avec une gourmette de chaîne trop serrée à la gorge. Le cheval
ne naît pas dur de bouche, ne l'oublions pas. Employez un filet,
un mors en D ou un mors à aiguilles pour démarrer votre poulain et ne
le tenez pas trop en bouche parce que c'est le cavalier qui forme
la bouche de sa monture.

Préférez un mors peu sévère pour entamer un cheval neuf : mors à aiguilles, filet, mors en D.
S'improviser dresseur alors qu'on n'a pas les compétences et
l'expérience requises. On retrouve, dans chaque région du Québec,
d'excellents dresseurs de chevaux. Leurs méthodes varient sensiblement,
mais les influences proviennent des grands maîtres modernes : Roberts,
Parelli, Cox, Anderson, etc. Cependant, gare aux arnaqueurs et aux Jos
Connaissant. Si, après un mois, "l'expert" ne parvient pas à travailler
convenablement avec votre cheval, c'est qu'il a fait autre chose, qu'il
veut étirer le temps et vous soutirer plus d'argent.
Depuis maintenant 2 ans que les chroniques du Ranch des Noyers ont vu
le jour. J'ai reçu des courriels de toutes les régions du Québec et
aussi de France, de Belgique, du Luxembourg, du Royaume-Uni.
Merci de me lire.
Merci de votre appui.
Merci de votre confiance.
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions, suggestions de chroniques à ranchdesnoyers@hotmail.com
Prochaine chronique : La passion des chevaux.