« Quelques notions de dressage correctif »


En parcourant récemment les annonces classées d'un grand quotidien québécois, un dresseur de chevaux avisait ses clients qu'il revenait d'un séjour aux Etats-Unis. Il mentionnait, dans sa publicité, qu'il "aidait les chevaux qui avaient des problèmes avec les humains" !!! Cela peut paraître à la fois drôle et prétentieux de sa part, mais il y a du vrai. Toutefois, même s'il faut travailler d'abord avec le cheval pour corriger ses comportements, on doit absolument faire intervenir son cavalier-propriétaire.
 
1. Les bases à retenir.
 
Dans la plupart des cas où on doit intervenir en dressage correctif, les problèmes proviennent de la peur ou d'un manque de discipline chez le cheval et/ou du cavalier.
 
Si le cheval a peur, il faut découvrir les origines de ses peurs et les remplacer par des idées positives et des renforcements de douceur et de confiance.
Si le cheval manque de discipline, il faut le reprendre en main, ne rien laisser passer et le récompenser seulement une fois qu'il a accepté de travailler sans se rebeller constamment.
 
Si le cavalier a peur de son cheval, il contractera à ce dernier sa nervosité et le cheval sera sur le qui-vive. Le cavalier deviendra à ce moment plus un prédateur qu'un leader confiant.

Si le cavalier n'est pas assez discipliné dans ses rapports avec sa monture, le cheval prendra le contrôle de la situation et alors débutera un rapport de force constant.
 

 
Le cheval finit toujours par livrer ses secrets.

Toujours, le propriétaire du cheval à reprendre doit être assez franc pour dire dans quelles circonstances, à quel moment l'animal est devenu rébarbatif. Il faut donner le plus d'informations possibles à l'homme de cheval. Cela épargnera à tout le monde temps et argent. De toute façon, si vous ne le faites pas, le cheval finira par livrer petit à petit tous ses secrets.  


2. Encore le travail à la longe.
 
Pour connaître et corriger les travers d'un cheval, le travail à la longe s'avère essentiel et indispensable. On peut observer, avec précision, le comportement du cheval : la tête, les yeux, les oreilles, la bouche et la queue. Si vous demandez le trot au cheval et qu'il secoue la queue, il vous exprime son mécontement. Si vous touchez, avec le fouet, aux pattes arrières ou à la croupe et qu'il rue, il vous avertit que ça ne fait pas son affaire :
- soit qu'on ne lui a jamais trop touché à ces parties du corps,
- soit que de mauvais souvenirs remontent à la surface,
- soit encore que c'est un avertissement de sa part.
On doit soumettre le cheval à une discipline par le travail à la longe.   

 
On doit soumettre le cheval à une discipline par le travail à la longe.

Il faut insister jusqu'à ce que le cheval comprenne et accepte de collaborer avec l'homme de cheval. S'il rue à chaque fois qu'on lui touche la croupe ou les membres postérieurs, on doit continuer jusqu'à ce qu'il cesse. Il doit comprendre qu'il n'y a rien de dangereux ni d'agressant. Cela fait partie du processus de désensibilisation. Après une période d'agressivité à l'égard du dresseur, le cheval acceptera la discipline et s'abandonnera petit à petit en lui accordant sa confiance.
 
3. Problèmes fréquents rencontrés.
 
Il n'y a rien de sorcier dans le rapport homme-cheval. Si le cheval sait :
- que son cavalier le laissera faire ce qu'il veut,
- qu'il n'a pas la force de caractère pour s'imposer,
- qu'il ne possède pas les notions de base pour le replacer
- ou qu'il a tout simplement peur de ses réactions,
il cessera de vouloir travailler et n'en fera qu'à sa tête.
Le cavalier doit être ferme et discipliné à l'égard de sa monture. A ce moment, le rapport de force est remplacé par la coopération et la confiance entre les 2 parties.
 
a) Le cheval difficile à brider.
 
Quand vous mettez la bride dans la bouche d'un poulain la première fois, il faut lui entrouvir la bouche. Une fois le mors en bouche, il le mâchera de toutes les manières comme un corps étranger. Quand on vient pour lui retirer, il le serre de toutes ses forces. Il faut à nouveau lui entrouvir délicatement la bouche pour dégager le mors. Après 2 ou 3 séances, le poulain ouvrira plus facilement la bouche pour accepter le mors, le retirer et cessera petit à petit de le mâcher. Toutefois, si on est trop brusque pour lui ouvrir la bouche ou encore si on tire sur la bride pour lui enlever alors qu'il serre son mors, il deviendra difficile, voire impossible à brider.
Le cheval adulte difficile à brider a de bien mauvais souvenirs en tête. Et l'homme en est le grand responsable. Les cavaliers qui utilisent un mors trop sévère obtiendront les mêmes résultats désastreux. Même chose pour les cavaliers débutants ou craintifs qui prendront plus de 5 minutes pour brider leur cheval.
 
Correctifs :
 
- Si le cheval n'est pas trop "gaspillé", on peut tremper le mors dans de la mélasse ou du sucre. A noter que certains chevaux détestent avoir les commissures de la bouche collées.
 
- Attacher le cheval solidement. Pour éviter qu'il brise son licou en tirant au renard, passer un câble autour de la tête avec un anneau et un mousqueton solide et aller chercher l'anneau du licou.

 
Pour éviter qu'il brise son licou en tirant au renard, passer un câble autour de la tête
du cheval avec un anneau et un mousqueton solide et aller chercher l'anneau du licou.

On peut installer aussi un "tag down" de la sangle de la selle à l'anneau du licou. Ainsi vous aurez plus de facilité à maintenir la tête du cheval en place. Prenez la frontière de la bride d'une main et placez le mors entre les pinces. Jouez délicatement avec le mors de gauche à droite en parlant doucement au cheval jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche. Félicitez-le et caressez-le. Cette opération devrait se dérouler en moins de 20 secondes. Si vous dépassez une minute, vous devrez conduire le cheval au licou en manège intérieur jusqu'à ce qu'il ait davantage confiance en vous. Après quelques séances, réessayez. Respectez toujours le 20 secondes. Et souvenez-vous que presque tous les chevaux qui refusent le mors ont été "gaspillés" lorsqu'on leur a enlevé.
 
- Si le cheval tente de vous mordre ou de vous atteindre avec ses antérieurs, il faudra vous résoudre à le conduire avec un hackamore ou avec un licou de dressage.    

 
 Il vous faudra peut-être vous résoudre à conduire votre cheval avec un hackamore.
 
b) Le cheval qui bloque en randonnée.
 
Bien des chevaux développent la mauvaise habitude de stopper en plein milieu d'un sentier de randonnée. La plupart du temps, cela se déroule lorsqu'on part seul avec le cheval. Si on est en groupe, il s'agit de laisser passer un autre cheval et de suivre la parade. Mais si on est seul, il faut apprendre à se débrouiller.
 
J'ai travaillé une jument QH à Peace River, Alberta. Très bien dressée, elle ne voulait pas s'éloigner de la maison. Après 500 pieds, elle stoppait net. Quand on la commandait, elle se mettait sur la défensive et se câbrait. Sa propriétaire, en désespoir de cause, la laissait revenir à la maison. Erreur fatale!  

 
Premiers contacts avec Hurricanes Pepper. Peace River, Alberta.
 
Une autre propriétaire, près des frontières du Maine, a vécu le même problème avec sa superbe jument Paint. Elle aussi stoppait net après un temps. Sa cavalière la commanda avec les étriers. Rien n'y fit. Elle insista davantage et employa la chambrière. La jument se câbra. Sa cavalière resta en selle et attendit patiemment près d'une demi-heure que la jument redémarre. Peine perdue!
 
Une autre cavalière de la région de Beauce sud vécut la même expérience avec sa pouliche QH de 3 1/2 ans. La ballade se déroulait bien jusqu'au moment où la jument ne voulut pas entrer dans un chemin boisé. Avec ses longues guides, elle la commanda sur la croupe. La pouliche se câbra. Un peu craintive, la dame descendit de cheval et voulut marcher en laisse. La jument refusa de la suivre. Mais la dame insista et finit par se rendre à pied à l'objectif qu'elle s'était fixé. Un pas dans la bonne direction!
 
Correctifs :
 
Lorsqu'un cheval stoppe en randonnée, il teste son cavalier.
"Il m'a laissé arrêter. Voyons ce qu'il va faire. Il insiste pour que je continue avec les étriers. Je lui tiens tête. Ca marche ! Que va t-il faire maintenant ? Il me touche aux fesses. Je me câbre. J'ai gagné. Je le sens trembler et insécure. Je vais pouvoir retourner à l'écurie ! "

 
Lorsqu'un cheval stoppe en ranconnée, il teste son cavalier.
 
Voilà à peu près le raisonnement que tient le cheval. La semonce sur la croupe, que ce soit avec les guides ou la chambrière, agace et agresse le cheval. Il exprime sa frustration en se câbrant. C'est un mal pour un bien puisque certains chevaux réagissent en éjectant leur cavalier !!!
Que faire alors ?
 
Lorsque le cheval s'arrête subitement, il convient de lui parler doucement et de le rassurer. Après quelques brefs instants, il faut le commander. Observez ses réactions et anticipez. Il faut prendre les devants avant qu'il ne se câbre. Faites faire un pivot sur les postérieurs de 360 degrés au cheval et, quand il se retrouve dans la direction à suivre, donnez de l'étrier. S'il refuse de s'exécuter, répétez le 360 degrés. La technique consiste à distraire le cheval buté qui s'obstine à rester arrêté en prenant les commandes. Attention : le pivot doit être parfait. Le cheval ne doit pas faire un seul pas dans la direction inverse. Même chose lorsque vous partez en laisse avec votre cheval. S'il stoppe, il ne sert à rien de tirer sur la laisse. Caressez-le et parlez-lui doucement. Puis partez de côté pour le débalancer sur ses aplombs. Après quelques arrêts, le cheval finira par lâcher prise et vous suivra docilement.
 
A suivre en novembre :
 Le cheval agressif; le cheval qui mange de l'herbe ou qui veut se rouler; le cheval qui donne des coups de tête; le cheval allergique à la remorque.
 
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions ou autre à ranchdesnoyers@hotmail.com