« Recettes miracles et expériences »
Le
propriétaire d'un seul cheval peut se permettre de payer les frais
du vétérinaire, mais quand on a un cheptel de 35, voire 60 chevaux,
cela devient vraiment trop onéreux. Alors, il faut se débrouiller.
J'ai expérimenté plusieurs recettes, mixtures, onguents, traitements
sur les chevaux au fil des années. Pas toujours avec succès, faut-il le
préciser ? Je vous confie quelques remèdes qui ont fait leurs preuves.
Vous pouvez les utiliser sans la moindre crainte. En souhaitant qu'ils
puissent vous être utiles.
1. Le corps étranger de SONNIE.
Il y a plusieurs années, un ami m'offrit de me vendre son cheval
Sonnie, un grand poulain QH pommelé bleu. Tous les commerçants des
environs avaient refusé de l'acheter, prétextant que le marché de la
viande pourrait le confisquer.
Le propriétaire de Sonnie faisait garder son cheval en pension chez son
voisin. A l'automne, ce dernier avait fauché les aulnes aux abords d'un
ruisseau pour faire plus propre. L'hiver venu, les chevaux lâchaient
leur fou à l'extérieur au moins une heure par jour. Et notre Sonnie,
alors poulain de 3 ans, prit la poudre d'escampette, enjamba le
ruisseau et se défonça le côté du ventre sur les chicots d'aulnes. Le
propriétaire fit venir le vétérinaire qui retira le bois d'aulne,
désinfecta et recousut l'entaille.
Toutefois, quelque temps plus tard, l'infection suintait toujours un
peu sous le ventre de notre Sonnie. Et si on appliquait de la pression,
apparaissait du sang. Le vétérinaire revint, pratiqua une incision pour
voir de quoi il en retournait mais, malencontreusement, toucha une
veine qui fit gicler le sang. Il agrafa la coupure et référa mon ami à
l'Hôpital vétérinaire de St-Hyacinthe. Les frais de l'opération
risquaient de s'élever à plus de $1200, sans compter les frais de
transport. Et on ne garantissait pas le travail. Vraiment trop onéreux!
Plusiers soigneurs tentèrent leur chance. Mais en vain. L'infection
sortait toujours de la plaie. Mon ami prit alors la décision de se
départir de son cheval. Sur les conseils de mon maréchal-ferrant, M.
Georges-E. Pelchat de St-Honoré, qui pratiquait le métier depuis l'âge
de 14 ans, j'achetai le cheval. Je suivis ses recommandations à la
lettre. Je devais aller chercher de la gomme de pin (sur le bout des
billots coupés), en faire un cataplasme sur la plaie, installer un
bandage pour que cela tienne bien sur le cheval. Au bout d'une semaine,
j'enlevai le bandage qui était imbibé d'infection. Je répétai
l'opération. Trois jours plus tard, Sonnie avait tout arraché. Je
recommençai. Cinq jours plus tard, j'enlevai le bandage.
Quelle fut ma surprise de découvrir un morceau d'aulne de 3
pouces de long ! J'aspergeai l'ouverture d'un mélange d'alcool/iode
moitié-moitié pendant 2 jours.
Six mois plus tard, mon ami vint me rendre visite. Il s'informa si
j'avais encore Sonnie. Il était au pâturage. Je l'appelai et le mit à
l'écurie. Mon ami me demanda si la blessure était guérie. Je fis
l'innocent... Il inspecta le corps du cheval, mais ne découvrit rien.
Evidemment !!!
Un peu d'avoine par temps froid réchauffe le cheval.
2. Le garrot défoncé de CHARLIE.
Dans les années 1990, je louais régulièrement des chevaux pour la
saison estivale. Le cheval était ferré aux 4 pattes et je fournissais
tapis, selle et bride. J'avais acheté un bon gelding Appendix d'une
dizaine d'années. Bien dressé, tranquille, mais rapide si on lui en
demandait ayant déjà fait des courses de barils. Je louai donc mon
Charlie à une jeune femme d'une trentaine d'années qui possédait son
équipement. Au bout d'un mois, elle me demanda d'aller voir son cheval
qui boitait. Je me rendis sur place. La dame avait sellé le cheval. Il
avait encore ses 4 fers, mais n'avait pas l'air très en forme. Je
retirai la selle et constatai que la structure était cassée. Avec les
nombreux contrecoups, le garrot du cheval était défoncé. Il y avait
infection et les mouches avaient découvert le pot aux roses ! Que
faire?
Une fois en selle, vous devriez pouvoir passer la main entre le garrot du cheval et la selle.
Bien sûr, il existe bien des recettes toutes plus miraculeuses les unes que les autres.
- De l'eau d'épinette rouge. A proscrire absolument. La blessure se
refermera, mais trop vite. Il se formera une bosse et le garrot
défoncera à nouveau.
- Désinfecter la plaie ne suffit pas. Il faut que ça cicatrise.
LA RECETTE :
Bien désinfecter la plaie avec un mélange d'alcool/iode moitié-moitié.
Ensuite, remplir le trou de sel d'alun en tapotant avec le
doigt.
Répétez l'opération 2 à 3 fois par jour.
Prenez aussi soin de garder le cheval à l'écurie pour éviter que les
mouches élisent domicile dans la plaie et pondent leurs oeufs.
Le garrot sera refermé en moins d'un mois. Lorsque le cuir se
reformera, frottez délicatement avec de l'huile d'Olive avec un peu de
mine de plomb (que vous trouverez chez un serrurier) 2 fois par jour
pour que le poil repousse de la même couleur que le reste de la robe du
cheval. Sinon, le nouveau poil sera blanc.
3. "L'attaque de souffle" de VOLKA.
Un jeune homme m'offrit un jour sa jument Appaloosa qu'il avait
baptisée Volka. Il se contenterait du prix de la viande vu
que son vétérinaire l'avait diagnostiquée : souffle. Elle respirait
avec difficulté, en effet, et ses côtes restaient serrées à chaque
respiration. La jument était seule dans une étable froide. Je payai la
somme demandée au propriétaire et amenai la jument chez moi. Je la mis
dans un box à l'écurie et lui confectionnai une mixture confiée, encore
une fois, par mon vieux maréchal-ferrant Georges-E. Pelchat.
Recette:
Dans un 2 litres, verser une bouteille de sirop de sapin Fortin,
9 c. à soupe de poivre noir moulu,
9 c. à soupe de gingembre,
1 carré de camphre râpé très fin
et remplir le reste du 2 litres d'huile alimentaire à bétail (feeding oil).
Bien mélanger la recette avant chaque utilisation.
Une réplique de VOLKA.
Je commençai à donner à Volka 50 cc par la bouche de cette mixture 2
fois par jour. Le lendemain, la jument toussait beaucoup. Je la gardai
quelques jours à l'écurie, puis la mit dehors où elle pourrait
néanmoins jouir d'un abri par temps maussade. Je continuai à lui donner
sa mixture. Elle toussait encore beaucoup. Et puis elle se mit à
jeter de la gourme. Au bout d'environ 2 semaines, la jument
ne toussait plus et semblait en bien meilleure forme. Je continuai à
lui donner son remède pendant encore 2 semaines, mais elle ne toussait
plus étant débarrassée de sa gourme.
Volka était très congestionnée lorsque je l'avais achetée. Si elle
n'avait pas reçu cette mixture, l'inflammation serait restée collée aux
bronches et la jument aurait alors souffert d'emphysème pendant le
reste de son existence. Je l'avais récupérée à temps.
4. Autres conseils utiles.
a) l'odeur des sabots de cheval sur les mains.
Si vous manipulez fréquemment les sabots de votre cheval et/ou que vous
le ferrez, vous avez eu probablement de la difficulté à vous
débarrasser de cette odeur persistante.
Recette : Après vous être lavé
les mains avec du savon, rincez à l'eau froide. Ensuite, recommencez
avec une petite quantité de pâte dentifrice. Frottez vigoureusement.
C'est magique !
b) la diarrhée chez le jeune poulain.
Pour les jeunes éleveurs qui s'inquiètent de leur jeune poulain d'une
dizaine de jours qui a la diarrhée, ne paniquez pas. C'est tout à fait
normal. Lorsque la jument qui allaite a ses chaleurs, cela affecte son
lait et, automatiquement, le jeune poulain contracte une diarrhée qui
durera le temps des chaleurs de la jument. Il arrive même que la peau
des fesses de ce dernier pèle.
Ne vous inquiétez pas de la diarrhée chez votre jeune poulain d'une dizaine de jours.
c) les verrues sur le nez du cheval.
La présence de verrues sur le nez du cheval est causée par un manque de
minéraux. Par exemple, lors d'un été pluvieux, l'herbe sera gorgée
d'eau et on pourra voir apparaître pein de verrues sur le nez du cheval
adulte. Plus fréquentes encore chez le poulain d'un an au printemps,
elles disparaîtront après quelque temps au pâturage.

Les verrues sur le nez du cheval sont un indice d'une carence en minéraux.
Si le problème persiste, prenez un mélange de vieille huile à
moteur/huile d'Olive moitié-moitié et humectez le nez du cheval une
fois par jour pendant une semaine. Et prenez soin de servir des
minéraux à votre animal.
En espérant que ces quelques remèdes d'antan vous soient utiles. Entre
vous et moi, ce sont les meilleurs. Certains privilégieront les
substances chimiques, plus rapides et expéditives certes, mais à chacun
son choix !!!
Chronique du mois de juillet : L'achat d'un cheval.
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, questions ou autres à ranchdesnoyers@hotmail.com