« Murmure à l’oreille de ton cheval »


Tout le monde ou presque a vu et revu l’excellent film de Robert Redford « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » . Ce film inspiré du roman de Nicholas Evans « The whisperer » est basé sur l’expérience d’un homme de cheval américain de notoriété internationale, Monty Roberts. Personne ne sait exactement ce que murmurent les hommes à l’oreille du cheval. Mais pas besoin d’être sorcier pour affirmer que ça pourrait être n’importe quoi…

Lors d’un de mes nombreux séjours dans le nord de l’Alberta, mon bon ami M. Paul Belzile, qui nourrit bon an mal an environ 200 chevaux, manifestait ouvertement sa colère lorsqu’un client déambule sans dire un mot au travers du troupeau ou encore s’approche sans crier gare ni avertir le cheval qui l’intéresse. Que vous soyez derrière ou devant l’animal, ce dernier pourrait vous associer à un prédateur ou à un cheval dominant ou encore ne saurait à quoi s’en tenir, sa vision n’étant pas tout à fait claire.

Par exemple, partons de la situation que vous faites longer votre cheval dans le manège. Il est assoupli. Lorsque vous pratiquez la technique de désensibilisation du bâton-carotte, votre ton de voix doit changer parce que vous êtes plus près de votre cheval. Rassurez-le et détaillez-lui chaque étape du bâton-carotte sur son corps. Le but étant, bien sûr, de détendre le cheval et d’établir un lien de confiance. Vous pourrez ainsi parcourir tout le corps du cheval en gardant une communication avec lui.

Lorsque vous vous rapprochez du cheval, tenez-le en laisse mais sans qu’il se sente pris. Je ne suis pas tellement en accord avec le fait d’attacher l’animal lors du débourrage (surtout s’il a toujours été en liberté). Il peut arriver qu’en état de panique, il « tire au renard » , brise son licou et se sauve. Si cela arrive, vous aurez perdu plusieurs heures de votre temps et il faudra effacer ce mauvais souvenir qui pourra même devenir une habitude si non corrigée. Attendez plus tard pour attacher le cheval. Et quand vous le ferez, prenez toutes les mesures pour qu’il reste bien attaché : laisse et « snap » solides, point d’ancrage à toute épreuve. Je disais donc que je préfère plutôt laisser un peu de latitude au cheval. S’il réagit mal ou trop promptement à un geste de votre part, il prendra l’espace dont il a besoin pour manifester qu’il n’est pas prêt pour ce mouvement ou cette approche.

Donc, vous êtes très près de votre cheval. Vous le caressez sur l’encolure, les épaules, le dos , les fesses, les pattes jusqu’aux sabots, la tête, les oreilles, le front, le nez. Gardez contact par la voix. Le ton ne doit pas être autoritaire, mais doucereux et amical, plus près du chuchotement (sic) que de la parole. Les personnes ayant un ton de voix bas, guttural, réussiront mieux que celles dont la voix est claire, stridente et quelque peu criarde tout comme celles qui sont un peu dures d’oreille. Certains observateurs néophytes crieront hâtivement au « don » de l’homme de cheval alors qu’il faudrait plutôt parler d’attitude.

Rappelez-vous que la plupart des chevaux de 2 à 4 ans à qui vous venez tout juste de mettre un licou devraient être capables de longer, suivre au licou avec, puis sans laisse dans un manège fermé en moins d’une heure. Mais ce lien de parfaite confiance entre l’animal et vous doit avoir été établi. Bien sûr, le cheval n’est pas dressé, n’a pas été monté mais, à la prochaine séance, vous pourrez assez aisément lui faire accepter le tapis (pad) et la selle, toujours avec des paroles douces, réconfortantes et apaisantes.

Pour terminer, une anecdote sur le sujet. J’étais avec un ami débutant en randonnée. Les deux chevaux connaissaient le sentier. J’étais en avant avec un cheval de peu d’expérience à qui je voulais apprendre à aller de l’avant. J’avais prêté un cheval assez bien dressé à mon compagnon. Comme ce dernier regardait un peu partout au lieu de se préoccuper de sa monture, je lui conseillai de garder contact avec son cheval en lui parlant de temps à autre. Il me répondit que ça ne donnait rien et qu’il n’aimait pas parler pour rien! Quelques minutes plus tard une perdrix s’envola juste derrière mon ami. La jument qui s’était quelque peu assoupie, fit quelques sauts brusques et vifs et éjecta son cavalier.

En espérant que ces quelques conseils sauront vous être utiles. N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires à ranchdesnoyers@hotmail.com .

La chronique du mois de mai portera sur l’importance et la façon de faire longer votre cheval.

Gilles Marquis

Ranch des Noyers